Gorgone
ranches de corail fragmentées, électroformées au cuivre puis plaqué or, et recomposées en serti organique d'un saphir de Ceylan.
Stèle de verre soufflé.
C'est un saphir de Ceylan.
Ces pierres me fascinent. Et lorsque je lis les mythes et légendes qui le décrivent dans chaque culture et civilisation, je comprends que mon regard convergeant vers ce bleu, est accompagné par d'autres, nombreux.Comme toujours, je dissèque et interroge mes goûts, mes choix. Mais il est difficile d'expliquer pourquoi on aime.
Lorsque je regarde le monde vivant, je sais rationaliser ces appétences. Elles sont souvent graphiques : les symétries, les ramifications, les textures. Elles peuvent aussi être colorées, mais je suis difficile avec les couleurs, je ne vois pas toutes les nuances, alors je préfère leurs reflets, les jeux d'ombres et les brillances.Mais mon attention est dévouée à ces beautés, parce que je connais leur fragilité. Je les regarde et les admire par le prisme de leur finitude.C'est particulièrement le cas du corail.
Les saphirs, eux, sont éternels. Leur rareté réside dans une décision humaine : le défi de l'impossible probabilité de les isoler du reste de la croûte terrestre. L'issue de cette quête est ensuite classifiée, taillée, nommée, cotée. Je sais tout ça. Je l'exprime. J'expose ce paradoxe dans mon travail. Sans pouvoir l'expliquer donc. J'admire humainement ces gemmes.Sur Terre, les plus grandes fragilités du vivant sont gardiennes de ces trésors. Pourtant, en créant l'œuvre qui expose cette réalité, j'offre à mes doutes d'autres mythologies. Ma pierre est sertie et enlacée dans les bras d'une gorgone, c'est un instantané qui sous-tend beaucoup d'autres histoires. Le saphir vivant devenu pierre. La cage dorée qui protège un joyau. Les bras d'une amante qui couvent et découvrent un fragment brut.J'ai re-sculpté ce corail de mes mains, pour recomposer son arborescence, avant de le transformer en cuivre. J'ai écrit de nouvelles règles d'évolution, comme l'expertise et l'inconscience humaine s'applique à transformer le monde. Ai-je alors souhaité, en nichant cette pierre précieuse en son cœur, que son éternité se diffuse ?Les questions que je pose sur le monde s'enchaînent dans mon esprit, et elles n'auront jamais d'unique réponse. Ici, je sertis des possibilités muables, dans l'immuable.