Champ de bataille
Jeu d'échec immortalisant par typologies de pouvoir les espèces végétales d'un milieu. Électrodéposition de cuivre sur plantes et graminées, plateau et couleurs de verre soufflé, acier hématite.
Projet à quatre mains avec Atelier George raconté ici par Eve:
“ Nous avons créé un jeu de verre et de cuivre avec l'environnement direct de l'atelier.
Là bas, la nature est sauvage. Enfin presque. Les plantes y ont poussé seules. Mais sont certainement arrivées, ont été semées, grâce à des interventions humaines.
C'est un jardin, à l'orée des bois, où les herbes mesurent presque deux mètres de haut. Il y a des ronces et des orties. Des milliers d'insectes. Les restes d'une tentative de potager. Un verger choisi. Une ruche implantée là.
La mainmise sur le vivant. Aussi bien intentionnée soit-elle, œuvre à cet écosystème de fait, mais pas d'essence.
En août 2023, nous avons choisi six espèces végétales dans ce milieu. Les avons classé par forme, par taille. Un grand herbier non naturaliste. Des itérations de pions et de figures. Des paréidolies de Tour, de Fou, de Roi. Nous avons opéré une gradation des fleurs et des pousses. Une plus belle. Une plus forte. Une plus imposante.
Les graminées, en rang d'oignons -ironie du champ- deviennent les Pions. Les nigelles de Damas prennent la place des créneaux aux quatre coins de l'échiquier. Il faut être joueur pour tisser le parallèle des ombellifères et du Cavalier, dont le champ de mouvement et de saut est tentaculaire. Un bras de poacée digitaria, la trompe d'alfin, le doigt de la main, le fou du roi. Les grappes de lierre, s'infiltrant par toutes murailles, forment les couronnes des Reines. Les bois des Rois surplombent la plaine.
C'est un jeu qui se joue du cycle du vivant. Une décision est prise. Ses conséquences anticipées. Avec trois, parfois quatre coups d'avance.
La nature évolue, le champ devient bataille, la moisson arrive. ”